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mercredi 2 mars 2016

Construction de la Mairie Tinténiac Jean Poirier

Construction de la Mairie Tinténiac  

architecte Jean Poirier

Tinténiac la mairie photo (c) JM Bergougniou



Tinténiac L'ancienne mairie devant l'église en construction

Tinténiac La mairie
devant l'église en construction

L'ancienne mairie, édifiée entre 1840 et 1841, s'élevait sur la place de l'église. Dès le 12 mars 1922, le conseil municipal donne son accord pour acquérir un terrain appelé « le jardin du Point-du-Jour », en vue de construire une nouvelle mairie. Le contrat d'acquisition est signé le 22 septembre 1922. M. Poirier, architecte à Rennes, voit l'un de ses plans retenu le 13 décembre 1925. Ce n'est que le 30 avril 1933 que le conseil municipal adopte le projet définitif, certes plus important que le projet initial puisqu'il comprend, outre les locaux de la mairie, une justice de paix et un foyer municipal au premier étage. Ce bâtiment, inspiré par les règles du "modern style", est surmonté d'un clocheton en ardoise et présente un décor de mosaïque en émaux de Briare sur son fronton. L'inauguration a lieu le 27 mai 1934 sous la présidence du maire Désiré Chantrel, et en présence de Guy La Chambre, ancien ministre, député de la circonscription. Suite à la suppression de la justice de paix, les bureaux ont été entièrement réaménagés.


Tinténiac rue nationale la mairie
photo (c) JM Bergougniou

L’État soutient ces initiatives : la création d’un foyer municipal ouvre droit en effet à une subvention financée sur la part de l’impôt perçu sur le produit des jeux, provenant de l’exploitation des casinos. En Ille-et-Vilaine, les mairies construites par Jean Poirier (1887-1969) à Saint-Méen-le-Grand et à Tinténiac (annexe 25) en 1934 profitent de cette disposition qui, au demeurant, sauve l’une d’elle du naufrage financier.


délibération du conseil municipal du 12 mars 1922
délibération du conseil municipal du 12 mars 1922

Tinténiac, mairie, justice de paix et foyer municipal 


Le 10 mai 1930, l’architecte rennais Jean Poirier dresse le devis descriptif et le cahier des charges du projet de construction d’une mairie, justice de paix et foyer municipal : 

« Il doit comprendre : 
1° un sous-sol avec hall d’entrée, locaux pour corbillard et pompe, et un violon à deux compartiments ; terre-plein sur derrière. 

2° un rez-de-chaussée avec vestibule, cabinet du maire, et salle du conseil sur rue ; secrétariat et archives, w.c., à la suite. 

Au sud, un autre vestibule avec entrée de la justice de paix, vestiaire, attente et archives, justice de paix, bureaux du juge et greffier, w.-c. 

3° un premier étage avec galerie, w.c., vestiaire, foyer municipal, cabine cinématographique, w.c., loge. » 


La maçonnerie en fondation est en pierre provenant des carrières de la région de Québriac, avec mortier de chaux de Beffes ; les cloisons de quinze parpaings sont montées au mortier de chaux de Beffes ; les planchers et poutres sont en ciment armé. Les enduits extérieurs sont faits en ciment Weber sur dégrossis, en mortier de ciment pour les façades principales, avec saillies et moulures du détail ; les appuis sont en ciment comprimé ; les marches d’escalier de la mairie et du foyer municipal sont en ciment armé, avec revêtement en ciment spécial Weber / Poliet et Chausson, compris limon et plinthe saillants. 


La charpente des combles et du campanile est en chêne et sapin du Nord, la couverture est en ardoise grand poil taché fort ; le parquet est en sapin du Nord, les menuiseries intérieures en chêne, en châtaignier et en sapin du Nord. La grande porte d’honneur est en fer forgé, de même que l’imposte de l’entrée de la justice de paix, la baie du hall d’entrée, les balconnets, la rampe d’escalier donnant accès au foyer municipal.



Ailleurs toutefois, l’accueil réservé à cette modernité de béton est timoré. En 1930, Jean Poirier, installé à Rennes, est la cible du conseil local des Bâtiments civils lors de l’examen de son projet de mairie, justice de paix et foyer rural à Tinténiac : 

« On s’étonne, déclare l’un des membres du conseil, qu’à proximité de carrières de moellons granitiques, dans le village de Tinténiac où subsistent encore de très vieilles et pittoresques maisons construites en matériaux du pays, à proximité de l’église, elle-même construite avec des matériaux de ce genre, l’auteur ait adopté la construction ciment armé et remplissages briques ou parpaings enduits. Il est regrettable que pour une économie bien légère, le caractère local ait été abandonné […]. » 

A Rennes, Isidore Odorico (1914-1945), qui a repris l’atelier de son père après la guerre, développe un style très personnel et original. Mais les architectes avec qui il collabore pour certaines mairies ne témoignent pas du même engouement. L’Art déco, qui foisonne dans l’architecture et la décoration des magasins, est-il antinomique d’une expression pérenne du pouvoir politique?


Mosaïque Odorico Rennes
photo (c) JM Bergougniou
sources :
Archives mairie de Tinténiac 

http://fr.topic-topos.com/mairie-tinteniac

1 commentaire:

  1. Je viens de découvrir votre site qui est passionnant! Merci pour tous ces détails et photos historiques!

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