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lundi 9 octobre 2017

Voyage en Basse-Bretagne dans les Monts d'Arrée : les enclos Saint-Herbot Saint-Thégonnec

Voyage en Basse-Bretagne dans les Monts d'Arrée : les enclos

Chapelle Saint-Herbot photo JM Bergougniou

L'Ankou, conducteur des morts dans l'au-delà, et dont le grincement des essieux de la charrette annonçait une mort prochaine procédait de la vie quotidienne des habitants de Basse-Bretagne. 


Et dans les églises on marchait sur les morts...



On retrouve aujourd'hui dans les chansons, les contes, mais aussi dans le bâti religieux, le souvenir des défunts, des âmes errantes, des revenants. Les traces de ces croyances très fortes sont sculptées dans l'architecture religieuse bretonne particulièrement dans les Monts d'Arrée.


Poutre de gloire Chapelle Saint-Herbot photo JM Bergougniou

Au 16e et 17e la Bretagne est riche, la culture et le commerce du lin et du chanvre apporte la prospérité même dans les petits villages.


Saint-Thégonnec la crypte de l'ossuaire photo JM Bergougniou


 Le commerce des toiles à voiles est florissant, les échanges dans les marchés et les foires se multiplient liés souvent aux grands événements de la vie liturgique, le contexte de la Contre-Réforme ainsi que l'importance du culte des saints locaux et des morts, témoins du syncrétisme breton. 

Les apôtres porche Chapelle Saint-Herbot photo JM Bergougniou

Saint-Herbot photo JM Bergougniou
N'oublions pas que les églises étaient en couleurs, que les statues des porches étaient polychromes, que les fresques représentaient instruments de musique et danses, que les vitraux faisaient entrer lumière et couleurs dans le saint lieu.









Retable Chapelle Saint-Herbot photo JM Bergougniou

La rivalité ostentatoire de posséder les monuments les plus beaux, les plus ornementés exprime un certain orgueil paroissial mais traduit aussi la propension au baroque des mandataires et constructeurs qui veulent magnifier l'Église de la Contre-Réforme (la Réforme protestante milite pour des édifices religieux et des offices sobres et sans apparat) propagée par deux missionnaires qui ont une influence considérable et durable en pays bretonnant, Michel Le Nobletz et Julien Maunoir. 


Saint Thégonnec descente de croix photo JM Bergougniou

Cela explique les grands thèmes de la Contre-Réforme qui enrichissent l'iconographie religieuse des enclos : rosaire, Sainte-Famille, ange gardien et saint Joseph, patron des agonisants et de la Bonne Mort.


Saint-Thégonnec l'enclos  photo JM Bergougniou

L' enclos paroissial comme son nom l'indique est au sens strict une église entourée d'un espace non bâti, le placître, voué ou non à un cimetière, que borne un mur d'enceinte. Un portail clos, qui ne s'ouvrira que pour les grandes occasions, baptêmes, mariages, enterrements permet l'accès au placître et à l'église.

Echalier Chapelle Saint-Herbot photo JM Bergougniou

Diverses entrées piétonnes autorisent l'accès à l'enclos, elles sont barrées par un échalier, dalle de pierre verticale qu'il faut enjamber, cette dalle était destinée à empêcher les animaux domestiques de pénétrer dans l'enceinte sacrée, notamment dans le cimetière. 

Le calvaire

détail du calvaire Chapelle Saint-Herbot photo JM Bergougniou

Il représente autour de la Passion du Christ, toute l'histoire sainte. Celui de Guimiliau, riche de deux cents personnages servait à l'instruction religieuse des fidèles. 











détail du calvaire Chapelle Saint-Herbot photo JM Bergougniou


On va y retrouver les épisodes de la vie du Christ (naissance, enfance, Passion, Résurrection), de la mort (thème fréquent en Bretagne, qui trouve ses racines dans la tradition celte)








Inhumation


Pilate se lave les mains Chapelle Saint-Herbot photo JM Bergougniou
Les morts étaient alors inhumés dans les églises, les places les plus proches des autels étant les plus recherchées. Le sol des églises n'offrant qu'un espace assez restreint, afin de pouvoir procéder à de nouvelles inhumations, l'on retirait les ossements des morts anciens que l'on déposait dans un ossuaire, appelé aussi « reliquaire » ou « charnier ». 


Piéta  Chapelle Saint-Herbot photo JM Bergougniou


En 1719, le Parlement de Bretagne interdit l'inhumation dans les églises et même si les recteurs (curés) auront bien du mal à faire respecter cette interdiction, progressivement l'habitude se prend alors d'inhumer les morts hors de l'église, dans l'enclos.







L'ossuaire Chapelle Saint-Herbot photo JM Bergougniou

Ossuaire

Il recevait les ossements exhumés car l'espace disponible pour les nouvelles inhumations manquait, que ce soit dans l'église même ou par la suite dans les cimetières souvent très petits. Ils étaient de petits réduits attenant à l'église. 


 Saint-Thégonnec photo JM Bergougniou

Les crânes, eux, étaient conservés dans des boîtes à reliques dans des bâtiments plus vastes, soit accolés à l'église ou, de plus en plus souvent, formant un bâtiment séparé. La chapelle reliquaire est parfois un ouvrage très ouvragé doté de fenêtres

Lanterne des morts  Chapelle Saint-Herbot photo JM Bergougniou

Lanterne des Morts Saint-Herbot

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Une lanterne des morts est un édifice maçonné, de forme variable, souvent élancé, en forme de tour, généralement creux et surmonté d'un pavillon ajouré (au moins trois ouvertures), dans lequel, au crépuscule, on hissait, souvent avec un système de poulies, une lampe allumée, supposée servir de guide aux défunts.

Photos (c) JM Bergougniou