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jeudi 26 juillet 2018

Fort la Latte la Roche Goyon Cap Fréhel Bretagne

 Un passage à Fort La Latte sur la route du cap Fréhel Roche Goyon 

le Cap Fréhel Photo JM Bergougnio

Le cap Fréhel est une pointe de grès rose au relief tourmenté qui sépare à l'est la baie de Saint-Brieuc de la Baie de St Malo, sur la côte de la Manche. 

le phare du Cap Fréhel Photo JM Bergougniou

























Fort La Latte 

Le château édifié au XIIIème siècle sur une pointe rocheuse par la famille Goyon-Matignon, surveille les entrées de Saint-Malo à l'ouest.

 Fort La Latte depuis la mer Photo JM Bergougniou

Mais avant d'atteindre le château, en descendant l'allée entre les nombreux arbustes et plantes, nous rencontrons le doigt de Gargantua.

le doigt de Gargantua  Photo JM Bergougniou

C'est un menhir en granite se dressant comme un obélisque très fin (2,64 m de hauteur pour 0,49 m de largeur et 0,24 m d'épaisseur. 

Anciennement surmonté d'une croix il dut vraisemblablement lors de cette christianisation retaillé.
Ses noms ou surnoms, liés à sa forme sont nombreux, l'Aiguille du guerrier, le menhir du Fort La Latte et même le Sexe de Gargantua.
la flore de Fort La Latte  Photo JM Bergougniou


De nombreuses légendes sur ce menhir: le géant Gargantua aurait perdu sa dent ou son doigt alors qu'il enjambait la Manche pour rejoindre les côtes d'Angleterre. La trace de ses sabots et de sa canne sont visibles dans la roche, au pied du menhir.
les restes de Gargantua Photo JM Bergougniou



Une autre légende raconte que Gargantua serait mort au Cap Fréhel après un dur combat avec des Korrigans. On dit que tous les îlots que l'on peut voir dans la mer, seraient des morceaux du Géant et que le menhir représenterait son doigt qui serait tombé ici et se serait fiché dans le sol.

les restes de Gargantua Photo JM Bergougniou

Le fort est une ancienne forteresse médiévale dotée d'un système bastionné à l'époque de Vauban. L'édifice est construit en moellons de grès et de granite sur deux promontoires rocheux très escarpés.



Siméon Garangeau est le fils unique de François Garangeau maître-menuisier et de Marie Dubois. 
Après avoir participé en tant que volontaire au siège de Maastricht (1673) et avoir été capitaine du régiment de Champagne, Garangeau fut réformé à la suite d'une blessure. Ses connaissances en dessin géométrique, inculquées par son père, le font s'orienter vers les arts. Après des voyages en Italie et en Angleterre, il est en 1677 architecte à Paris et en 1678 « contrôleur des bâtiments de Versailles et de Fontainebleau » et ingénieur du Roi.
En tant que tel, il supervise les travaux de l’arsenal de Marseille en 1679 avant d’être nommé à Brest en 1682.  
Plan du château de SaintMalo par Garangeau source BNF

En poste pendant dix ans à Brest, Vauban le nomme en 1691 « ingénieur en chef et directeur des fortifications de Saint-Malo », où il demeure jusqu'à sa mort célibataire en 1741. Il a également la charge des fortifications de Haute-Bretagne.
De la Hoguette à Cancale  par Garangeau source BNF
 Bien que pas totalement terminés, ses ouvrages défensifs permettent de repousser deux attaques maritimes anglo-hollandaises sur Saint-Malo les 23/30 novembre 1693 et 14-18 juillet 1695. 

Fort La Latte Photo JM Bergougniou

 Il est effectivement composé d'une première avancée défendue côté terre par un châtelet, dont il subsiste d'origine, côté cour, l'ogive de la porte, le pavage, les traces d'emplacement d'une herse et d'une seconde porte, puis d'une seconde avancée commandée par un donjon. 

fort La Latte Photo JM Bergougniou

Cette avancée, beaucoup plus étendue et plus fortifiée que la précédente - elle est cernée d'une enceinte primitive consolidée par Garangeau, rythmée par trois tours qui sont les vestiges d'un ensemble pourvu à l'origine de six tours - est également défendue par un châtelet et comprend au centre un donjon. 

Plan de Fort La Latte d'après Mazin sources BNF Gallica 

Le châtelet d'entrée est ouvert d'une porte en forme d'arc en tiers-point précédée d'un pont-levis et pourvue d'un assommoir. 

le donjon Photo JM Bergougniou

Le donjon, élément névralgique du château, car ultime réduit du château-fort de La Roche-Goyon réutilisé comme poudrière sous Louis XIV, est une construction caractéristique du 14ème siècle finissant. 

l'accès à Fort La Latte  Photo JM Bergougniou

Construit sur un plan circulaire, il abrite un escalier en vis en maçonnerie. Il est couronné d'une ligne de machicoulis ornée de trilobes et son couvrement est formé par une solide voûte sur croisée d'ogives. 

les archères du donjon Photo JM Bergougniou

Il est percé d'archères simples, dont certaines ont été remaniées par le percement de bouches à feu destinées à accueillir des couleuvrines. Il est également pourvu aux quatre points cardinaux des quatre symboles des évangélistes (aigle de saint Jean, homme de saint Mathieu, boeuf de saint Luc et lion de saint Marc).

la citerne Photo JM Bergougniou

Bâti au XIVe siècle à la place d’une construction plus ancienne, le fort de la Latte est en première ligne des guerres opposant la France à la Bretagne, puis à l’Angleterre. Il est alors protégé par trois ponts-levis et des douves constituées de crevasses naturelles. Assiégé à plusieurs reprises pendant deux siècles, il est brûlé et démantelé en 1597 durant les troubles de la Ligue.




Un siècle plus tard, l’ingénieur Garangeau transforme et remanie ce fort, en partie ruinée, à la demande de Louis XIV. Il souhaite en faire une batterie côtière capable de résister à la nouvelle artillerie. Les travaux menés de 1689 à 1715 visent à intégrer ce fort au système de défense avancée de la ville de Saint-Malo et protéger le mouillage de la baie de Fresnaye. 


batterie neuve Photo JM Bergougniou





Le donjon médiéval est conservé, réutilisé en tour-réduit poudrière. Il est également percé par des canonnières et archères. Une batterie neuve en forme de fer à cheval est construite au ras de l’eau, flanquée de deux échauguettes. Des batteries de canons à barbette sont édifiées sur les hauteurs du fort. Une écurie avec corps de garde et surmontée de créneaux de mousqueterie est ajoutée dans l’avancée du fort. Les murailles sont consolidées, les logements sont restaurés et une citerne est installée en 1694.

la chapelle Saint-Michel  Photo JM Bergougniou


En 1716, la chapelle Saint-Michel est construite en remplacement de celle datée du XVe siècle. Les murailles de la première enceinte sont rénovées et les tours du deuxième châtelet d’entrée sont remaniées au cours du XVIIIe siècle. Un four à rougir les boulets est ajouté vers 1794.

Four à boulets  Photo JM Bergougniou

 En 1805, le couronnement des tours s’effondre provoquant un arasement partiel. En 1890, le fort est déclassé et remis à l’administration des Domaines le 9 août de cette même année. Il est vendu en 1892 à des particuliers, puis, bien qu’en mauvais état, classé au titre des Monuments historiques en 1926 et ses abords en 1934.

base du donjon Photo JM Bergougniou