Voyage en Basse-Bretagne dans les Monts d'Arrée : les enclos
Chapelle Saint-Herbot photo JM Bergougniou |
L'Ankou,
conducteur des morts dans l'au-delà, et dont le grincement des
essieux de la charrette annonçait une mort prochaine procédait de
la vie quotidienne des habitants de Basse-Bretagne.
Et dans les églises on marchait sur les morts...
On retrouve
aujourd'hui dans les chansons, les contes, mais aussi dans le bâti
religieux, le souvenir des défunts, des âmes errantes, des
revenants. Les traces de ces croyances très fortes sont sculptées
dans l'architecture religieuse bretonne particulièrement dans les
Monts d'Arrée.
Au
16e et 17e la Bretagne est riche, la culture et le commerce du lin et
du chanvre apporte la prospérité même dans les petits villages.
Le commerce des toiles à voiles est florissant, les échanges dans les marchés et les foires se multiplient liés souvent aux grands événements de la vie liturgique, le contexte de la Contre-Réforme ainsi que l'importance du culte des saints locaux et des morts, témoins du syncrétisme breton.
Saint-Thégonnec la crypte de l'ossuaire photo JM Bergougniou |
Le commerce des toiles à voiles est florissant, les échanges dans les marchés et les foires se multiplient liés souvent aux grands événements de la vie liturgique, le contexte de la Contre-Réforme ainsi que l'importance du culte des saints locaux et des morts, témoins du syncrétisme breton.
Les apôtres porche Chapelle Saint-Herbot photo JM Bergougniou |
Saint-Herbot photo JM Bergougniou |
La
rivalité ostentatoire de posséder les monuments les plus beaux, les
plus ornementés exprime un certain orgueil paroissial mais traduit
aussi la propension au baroque des mandataires et
constructeurs qui veulent magnifier l'Église de
la Contre-Réforme (la Réforme protestante milite pour des
édifices religieux et des offices sobres et sans apparat) propagée
par deux missionnaires qui ont une influence considérable et durable
en pays bretonnant, Michel Le Nobletz et Julien
Maunoir.
Cela explique les grands thèmes de la Contre-Réforme qui
enrichissent l'iconographie religieuse des enclos : rosaire,
Sainte-Famille, ange gardien et saint Joseph, patron des agonisants
et de la Bonne Mort.
L' enclos
paroissial comme son nom l'indique est au sens strict
une église entourée d'un espace non bâti,
le placître, voué ou non à un cimetière, que borne un
mur d'enceinte. Un portail clos, qui ne s'ouvrira que pour les
grandes occasions, baptêmes, mariages, enterrements permet l'accès
au placître et à l'église.
Echalier Chapelle Saint-Herbot photo JM Bergougniou |
Diverses
entrées piétonnes autorisent l'accès à l'enclos, elles sont
barrées par un échalier, dalle de pierre verticale qu'il faut
enjamber, cette dalle était destinée à empêcher les animaux
domestiques de pénétrer dans l'enceinte sacrée, notamment dans le
cimetière.
Le
calvaire
détail du calvaire Chapelle Saint-Herbot photo JM Bergougniou |
Il
représente autour de la Passion du Christ, toute l'histoire
sainte. Celui de Guimiliau, riche de deux cents personnages servait à
l'instruction religieuse des fidèles.
détail du calvaire Chapelle Saint-Herbot photo JM Bergougniou |
On va y retrouver les épisodes de la vie du Christ (naissance, enfance, Passion, Résurrection), de la mort (thème fréquent en Bretagne, qui trouve ses racines dans la tradition celte)
Inhumation
Pilate se lave les mains Chapelle Saint-Herbot photo JM Bergougniou |
Piéta Chapelle Saint-Herbot photo JM Bergougniou |
En 1719,
le Parlement de Bretagne interdit l'inhumation dans les
églises et même si les recteurs (curés) auront bien du mal à
faire respecter cette interdiction, progressivement l'habitude se
prend alors d'inhumer les morts hors de l'église, dans l'enclos.
Ossuaire
Il
recevait les ossements exhumés car l'espace disponible pour les
nouvelles inhumations manquait, que ce soit dans l'église même ou
par la suite dans les cimetières souvent très petits. Ils étaient
de petits réduits attenant à l'église.
Les crânes, eux, étaient
conservés dans des boîtes à reliques dans des bâtiments plus
vastes, soit accolés à l'église ou, de plus en plus souvent,
formant un bâtiment séparé. La chapelle reliquaire est parfois un
ouvrage très ouvragé doté de fenêtres
Lanterne des morts Chapelle Saint-Herbot photo JM Bergougniou |
Lanterne
des Morts Saint-Herbot
-->
Une lanterne
des morts est un édifice maçonné, de forme variable, souvent
élancé, en forme de tour, généralement creux et surmonté d'un
pavillon ajouré (au moins trois ouvertures), dans lequel, au
crépuscule, on hissait, souvent avec un système de poulies, une
lampe allumée, supposée servir de guide aux défunts.
Photos (c) JM Bergougniou
Photos (c) JM Bergougniou