Les Oubliés de l'île Saint-Paul
Film et conférence à Hédé le 18 novembre
à partir de 17h00 salle de la cantine Municipale
Le film de Jean-François Pahun sera suivi d'un débat avec la Présidente de l'Association des Oubliés de Saint-Paul et avec la fille de l'un des survivants, Maryvonne Le Huludut.
L’Ile Saint-Paul
est un volcan dont le cratère est envahi par la mer. Les eaux environnantes
sont riches en poissons et en langoustes (Jasus paulensis). L’histoire
des Oubliés de Saint-Paul est liée à celle des Frères Bossière, fils d’un des
derniers armateurs à la pêche à la baleine du Havre.
Les frères Bossière ont pour ambition de coloniser les îles
australes françaises (Kerguelen, îles Saint Paul et Amsterdam). Leur première
demande date d'avril 1893. Le 31 juillet 1893, ils obtiennent la
concession des Kerguelen puis ils demandent l'autorisation d'exploiter les îles
Saint-Paul et Amsterdam.
En août 1928 la
filiale " La Langouste
française " est créée. Dans la région de Concarneau,
Pont-Aven et Trégunc sont recrutés des pêcheurs, des ouvriers de
conserverie, sertisseurs, soudeurs, mécaniciens, menuisiers, au nombre de
vingt-neuf.
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Sur l'île marins et ouvriers jouent avec un albatros |
Sous les ordres de
Alfred Caillé, administrateur de la société, et Pierre
Presse, directeur de l’usine, celle-ci est montée très rapidement, donne
des résultats encourageants mais insuffisants pour couvrir les investissements.
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A remplir les cuves avec de l'eau chaude sortant des entrailles de l'île |
Une deuxième campagne
(1929-1930) est lancée sur les mêmes bases que la première mais
une centaine
d’ouvriers malgaches, hommes et femmes, complète l’équipe.
Le 4 octobre 1929,
vingt-neuf bretons dont 6 femmes mariées, débarquent de l’Austral à Saint-Paul. À l’issue de la campagne
(3 mars 1930), des volontaires sont recherchés pour assurer le
gardiennage et la maintenance du site. Ils sont sept à accepter cette
tâche, entendu qu’ils seraient ravitaillés durant cet hiver austral par
des bateaux de passage.
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Les Malgaches traitent les langoustes |
Plusieurs éléments vont faire que cet hivernage va
devenir une tragédie : un poste de radio inefficace et tombé en panne,
incendie de la cambuse et perte d’une partie des vivres, absence de formation
médicale et aux premiers soins, absence de vivres frais, de fruits et légumes,
refus de la banque d’armer un bateau pour approvisionner l’île…
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Carnet de voyages l'île vue de la mer JMB |
Louise Le
Brunou, enceinte, donnera naissance sur l’île à une petite Paule qui y
décédera à l’âge de deux mois. Victimes du scorbut ou de disparition en mer,
quatre des gardiens de l’île y décéderont dans une
lente agonie :
·Paule Le
Brunou, née le 26 mars 1930, morte le 20 mai 1930·Manuel Puloc’h,
manoeuvre, décédé le 20 juillet 1930·François Ramamonzi,
cuisinier, décédé le 22 août 1930·Victor Le
Brunou, manoeuvre, décédé le 1er septembre 1930·Pierre Quillivic,
sertisseur, péri en mer le 27 octobre 1930·Louise Le Brunou,
survivante·Julien Le Huludut,
mécanicien, survivant ·Louis Herlédan, dit
Le Merdy, manoeuvre, survivant.
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L'usine au fond du cratère |
Le 6 décembre
1930, le navire l’Ile
Saint-Paul touchera l’île pour découvrir les trois survivants. La
Langouste française, attaquée par les familles des décédés et par les
survivants, bien que condamnée en appel, ne paiera jamais les indemnités
qu’elles auraient dû verser.
Jean-Michel
Bergougniou
Vice-président de
l’association « Faire vivre le souvenir des Oubliés de
Saint-Paul »