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mardi 15 octobre 2019

Jules Ferry et l'enseignement primaire public Tinténiac expulsion des frères 1887


Tinténiac Ecole Publique et laïque

1887 la guerre des Ecoles


La loi Goblet du 30 octobre 1886 prolonge la loi de 1882, en confiant à un personnel exclusivement laïque l'enseignement dans les écoles publiques (article L. 141-5 du code de l'éducation), remplaçant les instituteurs congrégationnistes (religieux des congrégations enseignantes). Elle redéfinit aussi l’organisation de l’enseignement primaire.


Dans un article paru en juillet 2016 dans "Tinténiac communication", Dominique Provost évoquait les écoles de Tinténiac.

Un article de l'UNIVERS évoque "l'expulsion" des frères qui enseignaient à Tinténiac et va servir de base à notre article. Nous sommes en 1887 au moment de la mise en place des lois sur l'école publique, laïque et gratuite.

En France, la laïcité est un principe constitutionnel qui sépare le pouvoir politique des organisations religieuses. La loi de la République, neutre, garantit la liberté de culte (tant que les manifestations religieuses respectent l’ordre public), proclame la liberté de conscience et ne place aucune croyance au-dessus des autres (religion, athéisme, agnosticisme…). Ce principe, constitutif de l’égalité républicaine, est résumé par la formule suivante : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ».

La loi du 16 juin 1881, nommée d'après le ministre de l'Instruction publique Jules Ferry, rend l'enseignement primaire public et gratuit, ce qui a permis de rendre ensuite l'instruction primaire (6-13 ans) obligatoire par la loi du 28 mars 1882, qui impose également un enseignement laïque dans les établissements publics.
Le 18 janvier 1887, le décret organique de l'enseignement primaire est publié...

Écoles primaires élémentaires



Art. 28. L'école primaire élémentaire est ouverte aux enfants de six ans révolus jusqu'à treize ans révolus. Nul élève ne pourra être admis dans une école primaire élémentaire avant l'âge de six ans, s'il existe, dans la commune et à proximité, une école maternelle publique ; avant l'âge de sept ans, s'il existe une classe enfantine publique.

l'école des filles Tinténiac

Au mois de septembre 1851, une école de filles voit le jour à Tinténiac sous la tutelle des Sœurs de l’Immaculée Conception, le tout dirigé par sœur Sainte Philomène.

En 1856, le curé Lebret entend parler de la vente l'Hôtel du Lion d'or (Ancienne auberge le lit où on dort). La communauté signe l'acte d'achat le 20 mars.

La loi Goblet du 30 octobre 1886 prolonge la loi de 1882, en confiant à un personnel exclusivement laïc l'enseignement dans les écoles publiques (article L. 141-5 du code de l'éducation), remplaçant les instituteurs congréganistes (religieux des congrégations enseignantes).

Elle redéfinit aussi l’organisation de l’enseignement primaire. Cette loi parachève les lois Jules Ferry de 1881 et 1882 sur l'école gratuite, laïque et obligatoire en renforçant l'intervention de l'État dans l'organisation de l'enseignement élémentaire et en fonctionnarisant les instituteurs.


l'école des filles Tinténiac

Elle remplace les salles d’asiles, qui assuraient la garde et l'éducation des enfants de 2 à 6 ans, par des écoles maternelles, tenues par des institutrices de même formation que les institutrices des écoles élémentaire (article 62). Ces écoles maternelles sont des établissements indépendants, mais la scolarisation maternelle peut être aussi assurée dans des classes enfantines rattachées aux écoles élémentaires.


Les écoles primaires élémentaires scolarisent les enfants de 6 à 13 ans, c'est-à-dire durant la période de la scolarité alors obligatoire.

L'enseignement primaire peut se poursuivre, au-delà de l'âge de l'obligation scolaire, dans des écoles primaires supérieures indépendantes ou dans des cours complémentaires annexés aux écoles élémentaires.

La mise en oeuvre de ces lois à Tinténiac ne vas pas sans poser quelques problèmes relatés par le journal l'Univers 3 mars 1887




Les écoles primaires élémentaires scolarisent les enfants de 6 à 13 ans, c'est-à-dire durant la période de la scolarité alors obligatoire.

L'enseignement primaire peut se poursuivre, au-delà de l'âge de l'obligation scolaire, dans des écoles primaires supérieures indépendantes ou dans des cours complémentaires annexés aux écoles élémentaires.

Le Journal de Rennes annonce la laïcisation de l'école des frères dé Tinténiac, accomplie avec une hypocrisie de procédés qui est tout à la honte de M. le maire de Tinténiac, beau-frère de M. Durand, député d'Ille-et-Vilaine. 

Ecclésiastique faisant signer une pétition à un âne 

Voici les faits : Vers le mois d'août dernier, le conseil municipal de Tinténiac crut bon d'ajouter un adjoint aux maîtres de l'école des garçons; à l'instigation du maire, on exigea que cet adjoint fût pourvu du brevet supérieur. Le maire écrivit donc à l'Institut de pour demander, comme adjoint, un frère qui fût pourvu du brevet supérieur. ■ Le supérieur répondit immédiatement qu'il tenait un frère, muni du brevet supérieur, à la. disposition de M. le maire de Tinténiac.

Que fait le maire?




Le vote du conseil municipal et la plus simple bonne foi lui commandaient de faire venir aussitôt le nouveau frère. Pas du tout : il met la lettre dans sa poche et il attend que la nouvelle loi soit votée. Car il sait que la loi interdit de nommer un congréganiste à un poste quelconque, fût-ce instituteur- adjoint. En effet, la loi est votée le 28 octobre et promulguée le 30. Alors le maire présente au préfet sa demande d'un maître-adjoint et le tour est joué. On lui envoie un instituteur laïque. Les frères convaincus qu'en présence de ce lait, il est de leur dignité de se retirer, donnent alors leur démission d'instituteurs communaux.
la nouvelle église ne sera inaugurée qu'en 1908
Photo JM Bergougniou


Cette démission est immédiatement acceptée, et, par retour du courrier, ils reçoivent l'ordre de quitter l'école et de vider les lieux dans la délai de vingt-quatre heures. Comme on le pense, cette décision produit une grande émotion dans la population, fort attachée aux frères, et qui est blessée dans ses sentiments les plus chers. Les frères font leurs adieux à leurs chers enfants ; ils quittent cette école, qu'ils habitaient depuis tant d'années, au milieu du concours sympathique et des larmes de- toute la population : le lendemain les instituteurs laïques arrivent. Le maire fait annoncer que les classes ouvriront le vendredi suivant. En effet, elles ouvrent ; les frères avaient 180 élèves, le quart à peine des enfants se rend chez les instituteurs laïques.- Nous dirons ailleurs comment les catholiques de Tinténiac ont su répondre à la mesure hypocrite et dédaigneuse dirigée "Contre eux. » 

La Résistance

A propos de la persécution religieuse à Tinténiac, on lit dans le Journal de Rennes : ■ La population de Tinténiac continue à être fort émue de l'expulsion des frères. Cette expulsion a été faite avec une véritable" brutalité. Le 12 février, les frères envoyaient leur démission à la préfecture ; le 15 février ils recevaient la réponse du préfet, déclarant que leur démission était acceptée, que deux instituteurs laïques étaient nommés, et leur signifiant d'avoir à vider les locaux scolaires pour le 16 février, c'est-à-dire pour le lendemain. Mais la population est bien résolue à ne pas se laisser violenter de cette façon, et elle s'apprête à la résistance.

Une souscription est ouverte pour fonder une école libre ; les dons généreux ne manqueront pas, et quand l'école des frères rouvrira, les instituteurs laïques resteront à peu près seuls dans leurs classes. La population de Tinténiac donne un noble exemple et nous sommes heureux de le faire connaître. A Tinténiac, le premier vicaire, qui avait annoncé en chaire l'expulsion, des frères, l'avait fait en termes émus, justement indignés, mais parfaitement convenables, et en évitant toute personnalité ; malgré cela, il a été dénoncé, et les gendarmes ont fait une enquête, parcourant tout le bourg pour savoir ce que M. le vicaire avait dit au sermon.



Ces pauvres gendarmes ! à quelle besogne on les emploie! Le plus piquant, c'est qu'ils n'ont pu, dit-on, trouver de renseignements qu'auprès d'individus qui n'assistaient pas à la grand'messe où le vicaire avait parlé. Qui a donc motivé cette enquête ? On assure que les nouveaux instituteurs se sont trouvés outragés par, les paroles du vicaire et ont porté plainte. Sur dix écoles qui existent dans le canton de Tinténiac, il n'en reste plus qu'une seule dirigée par les congréganistes. .

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